Certifie-toi, ton négoce t'aidera
JEUDI 3 FÉVRIER, FERME DU FORT MASSION
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Aller porter la bonne parole à ses clients n'est vraiment pas le fort de David, technico-commercial chez le négociant Poirier depuis cinq ans. Lui, son truc, c'est parler technique et aider les agriculteurs à mieux s'en sortir. Alors, les inciter à passer leur Certiphyto, nouvelle mission que lui a confiée son patron cette année, c'était perdu d'avance. Le dialogue de sourds avec Jean-Louis ce matin-là n'a donc fait que le conforter dans cette idée. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que cet agriculteur avait plus d'arguments que lui sur le sujet. " Au fait, Jean-Louis, il faut que je te parle du Certiphyto qui sera obligatoire en 2014. Chez Poirier cette année, on a décidé de vous aider à le passer gratuitement, ça prend juste deux jours si… " " Oh là, je t'arrête tout de suite. Continue à me parler de mes rendements et me prends pas la tête avec ton usine à gaz. " " Mais c'est pour ton bien que je te parle de ça. Si tout le monde attend la dernière minute, ça va être le gros bazar, les formateurs seront débordés. Et si tu n'as pas de Certiphyto, tu ne pourras pas acheter de phytos, c'est comme un permis. " " De toute façon, si on les écoute, on n'a plus le droit d'en mettre des phytos. Et d'ici trois ans, ils auront bien compris que leur Ecophyto et compagnie, ça marche pas. " " T'es vraiment borné quand tu t'y mets ! " " C'est bon, te fatigue pas. Je sais très bien comment ça marche, j'en ai discuté avec mon cousin qui l'a passé. Tu ressors au bout de deux jours envahi de textes et de lois et tu ne sais finalement pas mieux faire ton métier qu'avant. C'est vraiment une combine de plus pour faire bosser les gratte-papier et donner du fric à tous ces organismes qui nous ponctionnent sans cesse. Nous, ça ne nous amène rien ton Certimachinchose, aucune plus-value évidemment, juste du temps de perdu et de l'argent. Parce qu'il ne faut pas croire, tu me dis que c'est gratuit, mais y' a bien quelqu'un qui finance tout ça. Des organisations où on cotise bien sûr. Et ceux qui paient, à la base, c'est nous, comme d'habitude. Alors écoute, ton Certitruc, tu te le mets de côté et tu repasses dans trois ans. Soit je ferai que du bio et j'en n'aurai pas besoin de ton permis à la noix. Ou, alors, j'aurais mis la clé sous la porte et je serai bien content de te revoir ! "
Laurent Caillaud
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